Rokugan, quelques éléments de background

Meneur de Jeu: El Toto, Tsubaki
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Présentation : Dans un univers aux inspirations japonaises avec un peu de surnaturel, vous jouez d'honorables samurais

Modérateurs : Tsubaki, El Toto

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El Toto
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Rokugan, quelques éléments de background

Message par El Toto »

L'Ordre Céleste

Conçu par Hantei et Doji, l'Ordre Céleste fixe la place de chaque humain dans l'Empire tel que les dieux l'ont
inspirée à leurs enfants. La population de l'Empire, les rokugani, est ainsi organisée en castes et en clans qui tous
doivent servir le descendant du premier Hantei.
L'Ordre Céleste est formé de trois castes principales, les trois tiers, que nous allons aborder plus avant dans les
pages qui suivent. Ces castes sont :
- la caste des samurai (la noblesse : guerriers, courtisans, prêtres …)
- la caste des heimin (le demi peuple : paysans, artisans, commerçants, manoeuvres…)
- la caste des hinin (le non peuple : amuseurs, bateleurs mais aussi les courtisanes geisha et les eta qui
sont chargés des besognes impures)
Nous reviendrons plus loin sur les cas particuliers que forment les moines, les rônin et les étrangers (les gaijin).

I - La Caste des Samurai

La plupart si ce n'est la presque totalité des campagnes de L5A tournent autour de personnages samurai, a priori
destinés à devenir des héros si les choses se passent bien pour eux. Nous allons donc nous attacher
principalement à définir cette caste puis les autres. Un autre chapitre traitera des us et coutumes sociales plus en
détail. Le terme samurai signifie littéralement "celui qui sert" et nous reviendrons souvent sur cette notion
cruciale.
Plusieurs signes permettent d'attester de l'appartenance à la caste des samurai.
- le nom de famille : seuls les samurai peuvent prétendre avoir un nom de famille.
- le daisho : ce terme désigne les deux épées du samurai, le katana (épée longue) et le wakizashi (épée courte).
Seuls les samurai sont autorisés à porter (et à utiliser) ces armes.
- le mon : le symbole héraldique qui prouve l'appartenance à un clan de samurai. La majorité des familles qui
forment les clans et nombre des écoles qui y forment guerriers (bushi), courtisans ou prêtres (shugenja) disposent
également d'un mon. Un samurai peut donc arborer le mon de son clan, celui de sa famille et celui de son école le
cas échéant.

L'Empereur

L'Empereur actuel est Hantei le 38ème. Si les premiers souverains de l'Empire portaient un nom propre, la
tradition veut depuis le 10ème Empereur qu'on les appelle désormais uniquement par leur nom de famille et leur
ordre de règne. D'ailleurs, la plupart des habitants de l'Empire disent simplement "l'Empereur" ou "le Hantei" en
parlant de leur souverain qui à l'image des précédents maîtres de Rokugan règne, distant et serein, depuis son
palais dans la capitale d'Otosan Uchi.
L'entourage proche de l'Empereur est presque aussi important que lui, notamment l'Impératrice et le premier né
de la lignée impériale, héritier du trône. Durant son histoire, l'Empire a compté deux Impératrices qui ont régné
en tant qu'héritières mais les autres souverains ont tous été des hommes et les Impératrices leurs épouses.
Les Familles Impériales
Lorsqu'un nouvel empereur est couronné, ses frères et soeurs ont coutume d'abandonner le nom de Hantei pour
rejoindre les Familles Impériales. Celles ci sont formées des descendants des premiers serviteurs humains des
Kami et sont également comme on peut le voir liées par le sang à la lignée impériale. Trois familles se partagent
ainsi la parentèle impériale.
Les Seppun sont les descendants de Dame Seppun qui fut la première mortelle à se prosterner devant les
Fondateurs. Ils sont célèbres pour leur piété et leur palais, Kyuden Seppun, est considéré comme le centre
spirituel de l'Empire. Les Seppun forment également la garde impériale, les bushi (guerriers) de l'école Miharu
étant tous issus de leur lignée et considérés comme les guerriers les plus dévoués aux Hantei.
Les Miya descendent d'un jeune héraut qui fut chargé par le premier empereur d'annoncer la victoire des
Tonnerres contre Fu Leng dans tout l'empire. Miya fut tellement bouleversé par les ravages de la guerre qu'il
décida de porter également secours aux nécessiteux. Ses héritiers sont les émissaires de paix du souverain et
apaisent nombre de conflits entre les clans. Ils organisent également chaque année la Bénédiction de l'Empereur,
une caravane qui parcourt les terres ravagées par les cataclysmes ou la guerre afin d'aider les populations à
reconstruire.
Les Otomo enfin forment les administrateurs et les fonctionnaires de la cour impériale. Bien que l'Empereur
puisse nommer des personnes influentes issues des différents Clans à des postes cruciaux, nombre de rouages
impériaux sont en fait contrôlés par les Otomo qui veillent à ce que les intérêts des Clans ne soient pas trop
imbriqués dans la politique impériale.

Magistrats et Légionnaires Impériaux

L'Empereur est libre de nommer divers notables issus des Clans ou des Familles Impériales à des postes dont il
estime qu'ils ont un intérêt pour lui : chancelier, secrétaire, conseillers… mais la tradition veut depuis le premier
Hantei qu'un homme soit son champion personnel et son premier adjoint, le Champion d'Emeraude.
Désigné à l'issue d'un tournoi prestigieux incluant des épreuves d'étiquette, de culture et d'escrime entre les plus
réputés des représentants de chaque maison de l'Empire, le Champion d'Emeraude est le garant de l'honneur du
souverain. Il est donc habilité à le seconder, à le remplacer et à commander ses serviteurs en son nom.
Pour faire régner la justice de l'Empereur, le Champion d'Emeraude dispose des Magistrats d'Emeraude, un corps
de fonctionnaires recrutés parmi les samurai de tout l'empire. Quelles que soient leurs origines, les Magistrats
d'Emeraude sont chargés de veiller à ce que les différents Clans obéissent aux lois du souverain et également de
poursuivre certaines catégories de criminels qui menacent l'Empereur, sa lignée ou son Empire.
Les Légions Impériales quant à elle sont formées de guerriers réquisitionnés dans les différents Clans et qui
permettent à l'Empereur d'assurer son pouvoir par la force si d'aventure on rechignerait à lui obéir.

Les Clans

Les samurai qui ne sont pas membres de la lignée Hantei ou des Familles Impériales sont regroupés dans les
Clans Majeurs et Mineurs. Les Clans Majeurs sont ceux qui furent fondés par les sept frères et soeurs de Hantei.
Les clans majeurs sont :
- Le Crabe (fondé par Hida) qui garde l'Empire contre les hordes venues de l'Outremonde
- Le Dragon (fondé par Togashi) isolationniste, ésotérique et mystérieux
- La Grue (fondé par Dame Doji), versé dans les arts et la politique
- La Licorne (fondé par Shinjo), revenu de huit siècles d'errance avec d'étranges savoirs et dont la cavalerie n'a
pas d'égal
- Le Lion (fondé par Akodo), dont les armées et les stratèges sont les plus réputés de Rokugan
- Le Phénix (fondé par Shiba), sans égal sur les affaires spirituelles et magiques
- Le Scorpion (fondé par Bayushi), le Clan des Secrets à la réputation ambiguë
Les Clans Mineurs quant à eux furent créés durant l'histoire de l'Empire dans des circonstances diverses lorsque
le souverain de l'époque estimait nécessaire de récompenser un samurai pour ses actes particulièrement
remarquables.

Chaque clan est comme une nation à part entière avec un territoire, des armées, un gouvernement mais son
pouvoir dans la société rokugani découle du droit de l'Empereur. Cela signifie que c'est le souverain qui atteste
de son existence et que les terres d'un clan sont en fait celles que l'Empereur lui laisse administrer par délégation.
Stricto sensu, l'ensemble de l'Empire, territoires et citoyens compris, est la propriété exclusive de la personne qui
siège sur le Trône d'Emeraude.
Chaque clan est administré par un Champion de Clan. Les clans les plus importants comportent plusieurs
maisons, plusieurs familles qui possèdent chacune un chef qui exerce son autorité sur l'ensemble des samurai
portant le nom de sa famille. L'Empire est une nation féodale et les seigneurs qui servent les différents
Champions de clans sont les Daimyo. Chaque daimyo se voit confier un territoire ou une agglomération dont il
est responsable devant son Champion et à travers lui devant l'Empereur.
Les Daimyo et Champions ont également des prérogatives militaires bien que tous les officiers ne soient pas à
contrario forcément nantis de terres ou de domaines à administrer. La position de Daimyo est normalement
héréditaire de même que celle de Champion de Clan mais la confirmation d'une autorité supérieure est
obligatoire pour entériner la nomination d'un nouveau seigneur, le système reposant pour l'essentiel sur la notion
de vassalité.
En résumé, chaque clan est composé de samurai qui servent différents seigneurs (Daimyo) qui eux mêmes
servent le Champion du Clan qui rend compte à l'Empereur. Bien qu'aucun humain ne soit supérieur à
l'Empereur, il est aussi considéré comme un samurai dans le sens ou il "sert" à la fois son immortelle lignée et les
Dieux dont elle est issue.

Les territoires des clans sont soumis à diverses lois et coutumes au respect desquelles veille un corps de
Magistrats de Clan. Ils sont également en charge de la plupart des opérations de police à l'exception des crimes
définis comme relevant de la magistrature impériale (les Magistrats d'Emeraude).
D'une façon générale, la puissance, la démographie et les territoires d'un Clan Majeur sont considérables par
rapport à ceux des Clans Mineurs. Bien que tous les samurai qui n'ont pas de fonction particulière ou de grade
spécifique soient théoriquement membres de la même caste, ceux qui sont issus des Clans Majeurs liés aux
fondateurs de l'Empire bénéficient d'un prestige accru par rapport aux samurai des maisons mineures qui n'ont ni
les antécédents, ni la puissance de leurs frères.

II - La Caste des Heimin

Les samurai ne représentent qu'environ 7% de la population de l'Empire qui se compose pour l'essentiel du "demi
peuple", les heimin. Cette notion n'est pas réellement péjorative mais il est clair qu'un heimin doit respecter un
samurai sous peine d'être puni, éventuellement par une mort immédiate. Les heimin font eux aussi partie
intégrante de l'Ordre Céleste et leur caste est subordonnée à celle des samurai. Certains samurai sont courtois
envers les heimin, d'autres méprisants ou même insultants mais si l'on attend d'un samurai un minimum de
correction et de bienséance, il est évident dans le principe de l'Ordre Céleste que les heimin ont un statut
inférieur parce qu'ils le méritent.
Les heimin forment les masses laborieuses de Rokugan et l'on compte parmi eux les paysans innombrables qui
nourrissent l'Empire. A l'exception des forgerons ou de certains artisans dont le métier intéresse la noblesse, les
paysans sont les heimin les mieux considérés puisqu'ils produisent les aliments sans lesquels tout le monde
mourrait de faim. Les pécheurs sont également assimilés à des paysans pour la même raison. Cela ne veut pas
dire qu'ils ont la belle vie mais la plupart des daimyo savent reconnaître les mérites de ceux qui les nourrissent
tant que ceux ci savent rester à leur place.
Les artisans ainsi que les travailleurs manuels en tous genres (bateliers, porteurs, ouvriers…) sont sensiblement
moins considérés que les paysans mais certains artisanats (la forge, le travail de la soie ou du parchemin…) sont
plutôt bien vus. Les samurai ne créent pas d'objets à des fins commerciales ou utilitaires car cela est censé
relever des prérogatives de la caste heimin. A l'inverse, une création de nature artistique ou la conception d'un
objet destiné à servir de présent sont par contre bien considérés. Il y a donc la "création noble" dans laquelle
certains samurai excellent et la fabrication prosaïque qui relève la plupart du temps des artisans heimin.
Les négociants ou commerçants quant à eux sont presque méprisés par les samurai bien qu'ils représentent une
classe sociale dont la richesse n'a fait que croître avec les siècles. La caste samurai, la noblesse, traite par le
mépris ceux qui commercent du travail des autres. A l'exception de certaines familles samurai comme les Yasuki
du clan du Crabe, les samurai qui s'intéressent au commerce ou au négoce ont tendance à gérer les choses en
termes généraux, confiant le travail le plus prosaïque (et le plus indigne) aux négociants et aux boutiquiers
heimin. Paradoxalement, nombre de heimin qui ne font pas partie des marchands et négociants souhaitent
disposer de leurs richesses qui à défaut de leur assurer le respect peut cependant aplanir bien des problèmes… les
attentes sociales (et financières…) ne sont pas les mêmes chez les heimin et chez les samurai à cet égard.
Il n'est pas possible d'acheter son entrée dans une autre caste et donc, les heimin sont théoriquement incapables
de devenir samurai. Il arrive parfois cependant que le Champion d'un Clan soit suffisamment intrigué, intéressé
et impressionné par un heimin pour qu'il lui accorde le privilège de rejoindre une maison mineure de son clan en
tant que samurai. L'événement n'est pas fréquent car la caste noble est rigoureusement attachée à ses privilèges et
convaincue que la naissance étant affaire de destinée, ceux qui naissent heimin sont à priori censés le demeurer.
Dans l'éventualité ou un heimin rejoindrait la caste des samurai, il se verra traité comme ses pairs en toutes
choses bien qu'il ne soit pas dit que sa lignée ne soit pas l'objet de certaines rumeurs ou commentaires
dépréciateurs. Mais d'un point de vue officiel et légal, il sera bel et bien un samurai et ses enfants naîtront dans
cette caste.

III - La caste des Hinin

Les Hinin ou "non peuple" forment une catégorie sociale assez nébuleuse dont les effectifs sont difficiles à
déterminer. On y trouve les amuseurs, les baladins, les devins et autres professions plutôt marginales mais aussi
les geisha, les prostituées et les eta.
Les geisha, à l'encontre des prostituées, ne sont pas des objets sexuels mais l'incarnation de certaines grâces
esthétiques et artistiques. Elles sont considérées comme des artistes bien que leur statut soit extrêmement bas
dans l'Ordre Céleste. Dans les Quartiers Réservés ou l'on se rend afin de faire la fête, elles ont par contre une
certaine influence et sont les égéries de nombreux samurai ou heimin fortunés.

Les Eta quant à eux sont tout juste traités comme des êtres humains. Leurs métiers sont considérés comme
impurs et leurs personnes aussi. Les Eta sont fossoyeurs, bouchers (bien que la viande rouge soit peu consommée
dans l'Empire, ils s'occupent donc surtout de vider les volailles), bourreaux, éboueurs ou tanneurs. Il est
extrêmement rare qu'un eta sache lire, la plupart vivent dans des conditions d'insalubrité extrême mais personne,
pas même les autres hinin, ne veut s'intéresser à leur sort. Ils sont indispensables mais la plupart des gens des
autres castes font comme s'ils ne les voyaient pas et nul ne s'aventure dans leurs bidonvilles sans d'excellentes
raisons. S'intéresser à eux quand on n'est pas obligé de le faire ou que l'on n'appartient pas à un ordre monastique
est considéré au mieux comme une perte de temps, au pire comme une lubie malsaine. S'il est plutôt rarissime
qu'un heimin devienne samurai, il est vraiment exceptionnel qu'un hinin ou un eta se voie accorder une
promotion dans la caste heimin. La plupart du temps, le reste du monde préfère ignorer les représentants de cette
caste, voire les éviter.

IV - Les cas particuliers.

Les Ronin

Les ronin sont des samurai sans maitre, une anomalie dans la société rokugani qui repose toute entière sur un
principe de vassalité. Certains ont perdu leur seigneur, d'autres ont été chassés de leur clan pour diverses raisons
ou encore sont nés de parents qui étaient eux-mêmes ronin. Il en est même qui sont en réalité de simples heimin
qui se sont procurés un katana et arpentent l'Empire dans l'espoir d'améliorer leur condition. Malheur à eux si on
les démasque… usurper son appartenance à une caste supérieure et en particulier se faire passer pour un samurai
est un crime sévèrement puni.
La vie d'un ronin est faite de nombreux paradoxes : il est considéré par défaut comme une sorte de membre de la
caste des samurai mais ne peut compter sur l'appui de personne. Afin de se nourrir, il doit louer ses services aux
clans en temps de guerre ou à des heimin désireux d'employer un guerrier expérimenté pour leur protection mais
combattre pour de l'argent est normalement incompatible avec le statut de samurai. Les autres samurai traitent les
ronin avec indifférence ou mépris mais rarement avec pitié puisque l'Ordre Céleste hérité des dieux garantit à
chacun d'occuper la place qu'il doit occuper. La majorité des heimin ou hinin quant à eux traitent les ronin avec
un respect prudent car la plupart ont les aptitudes martiales des véritables samurai mais pas forcément leur
honneur ou leur sens de la mesure…
Le problème essentiel des ronin est qu'ils sont de fait à la fois dans et hors de l'Ordre Céleste.

Les Moines

Si certains sont de jeunes heimin ou hinin recueillis par les monastères, nombre de moines sont en fait des
samurai qui ont suivi la coutume de l'Inkyo (la retraite) qui sera abordée plus loin. Les moines abandonnent leur
ancien nom et se rasent la tête, la plupart refusant même de conserver un lien quelconque avec leurs anciens
parents. Ils sont respectés pour leur sagesse et parce que les enseignements de Shinsei et des Fortunes font d'eux
des gens toujours prêts à conseiller le vertueux ou à aider le nécessiteux. Ils ne sont cependant pas autant
respectés que les samurai et ne disposent d'aucun pouvoir réel sur le système féodal des Clans dans lequel ils ne
peuvent normalement exercer de responsabilités. Il existe de nombreuses sectes monastiques aux enseignements
diversifiés mais qui reposent sur les mêmes fondations spirituelles.

Les Gaijin

Les étrangers sont rassemblés sous la dénomination de gaijin (ce qui signifie à peu près "démons barbares"). Si
autrefois l'Empire avait des liens très ténus avec les tribus du nord, la loi impériale interdit désormais aux gaijin
de poser un pied sur le sol de l'Empire. Quelles que soient leurs origines, les étrangers sont donc susceptibles
d'être mis à mort dés que l'on repère l'un d'entres eux à Rokugan. Cette situation date du cinquième siècle durant
lequel l'Empire eut des rapports commerciaux et diplomatiques avec un peuple gaijin venu d'au delà de la grande
mer orientale. Ces étrangers finirent par trahir la confiance des rokugani et tentèrent avec leurs armes à poudre
noire de s'emparer de la capitale. Ils furent vaincus et ceux qui ne purent s'enfuir furent exterminés jusqu'au
dernier car leur attaque avait provoqué la mort de l'Impératrice Hantei IX. Depuis cette époque, l'Empire
d'Emeraude refuse tout contact avec le reste du monde. La situation a quelque peu évolué avec le retour du Clan
de la Licorne et désormais, diverses importations strictement contrôlées sont tolérées. Les gaijin eux-mêmes par
contre n'ont toujours pas le droit de poser le pied sur le sol de l'Empire et depuis leur défaite, les étrangers venus
d'au delà des mers n'ont plus jamais tenté d'entrer en contact avec Rokugan.
Si les contes du clan de la Licorne et certaines de ses marchandises sont appréciés avec modération, si certains
prétendent que l'on importe également en toute illégalité diverses denrées venues du nord ou des pays au delà des
terres de l'Outremonde, l'Empire demeure extrêmement xénophobe et isolationniste. Les étrangers n'y sont pas
mieux traités que des eta. De nombreux édits impériaux interdisent l'importation d'armes gaijin et si les secrets
de la poudre noire ou "poivre gaijin" comme on la surnomme sont connus de certains alchimistes, la loi autorise
seulement son usage pour les feux d'artifices. L'Empire a déjà affronté autrefois mousquets et canons mais même
après sept siècles, il se refuse à en faire usage.

L'Empire d'Emeraude cohabite également de manière plus ou moins hostile avec des êtres non humains qui ne
sont pas tous issus de l'Outremonde. Certains esprits de la nature ou des éléments, les kami (à ne pas confondre
avec les Kami Fondateurs), se manifestent spontanément. Il y a des créatures changeformes qui aiment à
tourmenter les humains et il faut également compter avec les Nezumi, des hommes rats avides de piller les
greniers à riz pour se sustenter. Il n'existe pas de loi générale pour ces êtres qui sont considérés comme ne faisant
pas partie de l'Ordre Céleste (de même que les gaijin d'ailleurs, mais eux par contre sont l'objet comme on l'a vu
de lois très précises…). Généralement, ces êtres sont considérés en fonction des rapports qu'ils ont avec les
humains quand rapports il y a : on respecte l'intimité des esprits ou des entités amicaux et l'on chasse ceux qui
s'en prennent aux hommes ou à leurs possessions.

En résumé, l'Ordre Céleste concerne tous les humains qui descendent des tribus primitives qui se prosternèrent
devant les Kami Fondateurs. En font également partie les descendants des étrangers qui ont été adoptés par le
Clan de la Licorne mais le reste du monde doit demeurer à l'écart. Il se peut, si un jour l'Empire redevient une
nation expansionniste, qu'il conquière ou assimile en son sein d'autres peuples étrangers comme cela fut
certainement le cas aux origines. Mais rien ne laisse présager une telle tendance dans un avenir proche. Les
frontières de l'Empire n'ont pas variées depuis plusieurs siècles, aucune nation puissante avec laquelle
commercer ou guerroyer ne jouxte ses territoires et les pressions économiques ou sociales sont insuffisantes pour
justifier une nouvelle phase expansionniste.

La Géographie de l'Empire

Les cartes sont souvent trompeuses et une fois que l'on s'éloigne du littoral, l'Empire compte relativement peu de
grandes plaines cultivables, ce qui permet au Clan de la Grue d'être la principale puissance agricole de Rokugan.
Nombre de collines, forêts, marécages n'apparaissent pas sur les cartes officielles relativement peu précises. Les
principaux éléments du relief clairement identifiés jouent souvent un rôle de frontière naturelle mais il existe une
multitude d'autres variations topographiques locales.

Les frontières extérieures de l'Empire

Au septentrion, la Grande Muraille du Nord, chaîne de montagnes impressionnantes qui abrite les clans du
Phénix ainsi que du Dragon et que seuls quelques cols traversent. Ces cols qu'emprunta lors de son départ le
Clan de la Ki-Rin mènent à un vaste désert, les Sables Brûlants. Le Clan de la Licorne dit que ce désert est bordé
ou convoité par plusieurs nations dont aucune ne semble avoir de visées envers l'Empire d'Emeraude. Plus à l'est,
les Sables Brûlants sont bordés de vastes steppes que parcourent les cavaliers nomades Yobanjin, des barbares
hostiles qui fort heureusement vivent de l'autre côté des montagnes et ne forment qu'un ensemble de tribus
disparates et désunies.
L'ouest demeure mystérieux car les plaines qui s'y étendent ne semblent guère utilisables sur le plan agricole.
Surtout, d'étranges sensations et d'étranges sons assaillent l'esprit du voyageur et le paysage tout entier procure
un sentiment de malaise presque palpable. Certains disent que les ruines qui parsèment par endroits ces plaines
sont celles d'anciennes cités Naga ou tout ce qui reste d'autres races disparues. Quelques explorateurs intrépides
disent qu'aucune tribu n'habite ces étendues mélancoliques et qu'il est possible de les traverser jusqu'à rejoindre
un grand désert. Ces plaines n'ont donc rien qui justifie d'y établir de nouvelles cités ou d'y bâtir des forteresses
bien qu'elles soient surveillées à toutes fins utiles. Rares sont ceux qui s'y aventurent et même les créatures de
l'Outremonde qui pourraient les traverser pour frapper l'Empire par l'ouest éprouvent une grande répugnance à le
faire.
Le sud est marqué par les monts de la Chaîne du Crépuscule et depuis cinq siècles par le Mur des Bâtisseurs, le
plus grand ouvrage réalisé par l'Empire et qui représente son principal rempart contre l'Outremonde. Toute la
chaîne de montagnes est parsemée des fortins et forteresses du Clan du Crabe mais lorsque le seigneur oni
Mangeur frappa l'Empire et dévasta en partie ses territoires, le Crabe établit sa principale ligne de défense au
bord de la Rivière de l'Ultime Résistance dont la rive nord est occupée par le Mur depuis la défaite de Mangeur.
Les étendues au delà du Mur sont terriblement hostiles et ceux qui s'y rendent risquent constamment d'être
frappés par la Souillure, la corruption du Jigoku. Etre submergé par cette influence pernicieuse est un sort pire
que la mort car il implique de tomber également sous la coupe de Fu Leng…
Les samurai du Clan du Crabe disent que l'Outremonde ne recèle rien qui soit utilisable. Ses habitants sont
hostiles, son environnement néfaste et même sa géographie est traîtresse. Ils racontent également que plus on
s'aventure dans les profondeurs de l'Outremonde, plus l'influence maléfique du Puit Suppurant se fait sentir. Nul
être sain d'esprit à part les Sept Tonnerres morts depuis mille ans n'a probablement jamais vu le Puit lui-même.

L'est voit s'étendre la Mer d'Amaterasu. Les rokugani n'ont pas une science maritime très développée et l'océan
qui borde leurs côtes est souvent parcouru de tempêtes ou typhons, sans parler de serpents géants et autres
menaces surnaturelles. La plupart des navires rokugani font donc du cabotage prudent le long des côtes à
l'exception des intrépides marins du Clan de la Mante, le plus puissant des clans mineurs.
Si les histoires que racontaient les gaijin qui attaquèrent la capitale il y a sept cent ans sont vraies, il existe
d'autres pays et mêmes d'autres empires au delà des mers, à plusieurs mois de voyage de Rokugan. Mais outre le
fait que l'Empire d'Emeraude ne souhaite pas entretenir de liens avec ces peuples, même les navires de la Mante
ne sont probablement pas capables de traverser de telles étendues marines. Si ces mystérieux peuples existent
bien, il semble qu'eux non plus ne souhaitent guère prendre de tels risques pour rendre visite à l'Empire
d'Emeraude.
Le grand océan oriental compte un grand nombre d'îlots et de petits archipels dont certains n'apparaissent
toujours pas sur les cartes après onze siècles. Les plus proches du continent abritent une multitude de petites
communautés humaines principalement affiliées aux clans de la Grue, du Phénix et du Crabe. Le grand Archipel
de la Soie et des Epices est le domaine de clan mineur de la Mante. Bien que le climat océanique soit des plus
mouvementés, les terres de la Mante produisent des denrées qui sont âprement recherchées dans les cités ou les
palais de l'Empire et ont largement contribué à faire de ce clan mineur une puissance maritime de première
importance.

Les frontières intérieures

La principale chaîne montagneuse qui coupe littéralement l'empire en deux est la Chaîne du Toit du Monde,
célèbre pour ses sommets dont le célèbre Pic des Sept Tonnerres ou se trouve le plus grand temple dédié à la
mémoire des héros qui sauvèrent l'Empire. Bien qu'il existe plusieurs passages à travers ces montagnes, seul le
Col de Beiden représente une voie facile d'accès tant pour le commerce à grande échelle que pour les
déploiements militaires. Il a donc souvent été l'objet des convoitises des clans du Lion, du Scorpion, de la Grue
et plus récemment de la Licorne.
La principale voie fluviale de l'Empire traverse ces montagnes et représente un axe commercial majeur puisque
certaines parties de cette arborescence sont navigables et permettent ainsi de relier entres eux la plupart des clans
majeurs.
Parmi les principales forêts de Rokugan, la plus célèbre (et la moins connue…) est la Forêt de Shinomen. Cette
grande étendue boisée abrite nombre de brigands ou de criminels en fuite mais ils ne sont pas les seuls dangers
qui attendent le voyageur. Des créatures surnaturelles hantent les sous-bois et des ruines probablement Naga
recèlent bien d'autres périls. Fort heureusement, Shinomen se situe en bordure des territoires de l'Empire et la
plupart des gens se contentent de colporter des histoires à son sujet sans que personne ou presque n'ait jamais
l'occasion d'y pénétrer.
Enfin, quelques cités parmi d'autres méritent une mention spéciale de par leur caractère ou leur histoire :
- Otosan Uchi, la capitale : foyer de l'Empereur, cœur politique et administratif de la nation, Otosan Uchi est une
ville imposante dont on célèbre partout la gloire et la beauté. Le cœur de la capitale est bien évidemment la Cité
Interdite formée du Palais de l'Empereur et de ses annexes. Au delà des murs de la Cité Interdite se trouvent les
districts nobles, les Ekihokei. Leur existence remonte aux origines de la capitale et ils sont protégés par une
muraille sur laquelle de nombreuses légendes courent car il s'agit de la même enceinte qui permit à la cité de
résister aux hordes de Fu Leng il y a mille ans. Enfin, au delà de cette enceinte se trouvent les districts Toshisoto
qui se sont développés au cours des siècles et accueillent la majorité des habitants ou des visiteurs qui n'ont pas
un statut suffisant pour pénétrer dans les Ekihokei. De nombreuses curiosités historiques et touristiques attendent
celui qui se rend dans la ville que firent bâtir les Kami Fondateurs. L'importance d'Otosan Uchi est telle qu'une
partie de sa population et de ses fonctionnaires vivent en dehors de la cité elle-même, dans les quatre Villages
Stratégiques qui entourent la capitale et contrôlent également les principales routes qui y mènent.

- Ryoko Owari, aussi surnommée "la cité des mensonges" : de par sa situation près du Col de Beiden et d'une
voie navigable, Ryoko Owari est considérée comme la deuxième ville de l'Empire. Sous le contrôle du Clan du
Scorpion, elle est un centre marchand de première importance et sert également de plaque tournante à un
commerce des plus délicats : l'Opium. Cette substance ramenée par le Clan de la Licorne de ses voyages est le
plus puissant anesthésique connu et s'est avéré essentiel en médecine mais malheureusement, l'usage de l'opium
comme drogue s'est lui aussi considérablement accru depuis son apparition. Ryoko Owari qui en assure la
distribution (médicinale…) et qui appartient au Scorpion est donc l'objet de bien des rumeurs… la cité est
également réputée pour son quartier réservé, l'Ile de la Larme, qui compte quelques uns des établissements de
jeu, maisons de thé ou de geisha parmi les plus célèbres de l'Empire.

- Toshi Ranbo : "la cité des apparences" n'est pas la plus imposante ni la plus riche des villes de l'Empire mais
elle se trouve à un endroit stratégique. Sa situation fait de Toshi Ranbo le sujet d'âpres disputes frontalières entre
les clans du Lion et de la Grue. Au cour des siècles, Toshi Ranbo a été l'objet d'un certain nombre de batailles et
a changé plusieurs fois de mains. C'est actuellement le Clan de la Grue qui en détient le contrôle. Par sa simple
existence, la cité des apparences contribue à entretenir l'inimitié ancestrale entre la main gauche et la main droite
de l'Empereur.

- Sunda Mizu Mura : bien que son nom signifie "Village de l'Eau Pure", cette agglomération rivalise en taille
avec Ryoko Owari et Otosan Uchi. Elle fut une des premières cités bâties par les suivants de Hida à l'aube de
l'Empire. Abritée dans une baie qui la protège des tempêtes les plus fortes, Sunda Mizu Mura est le principal port
du sud de l'Empire et vit de nombreux échanges entre le Crabe, la Mante, la Grue et d'autres clans voisins. Sa
(relative) proximité avec l'Outremonde et les nombreuses affaires douteuses qui y ont lieu nuisent cependant
beaucoup à sa réputation. Sunda Mizu Mura est célèbre pour ses chantiers navals et ses innombrables échoppes.

- Kaeru Toshi : cette ville autrefois située quasiment à la limite des territoires de l'Empire a vu son influence
commerciale s'accroître considérablement depuis le retour du clan de la Licorne. Pendant des siècles, Kaeru
Toshi se développa tranquillement à partir d'une petite bourgade fondée par un riche marchand dont la légende
prétend qu'il aurait été un esprit grenouille particulièrement astucieux. Kaeru Toshi est donc aussi nommée "cité
de la grenouille riche" et elle fut longtemps la seule ville relativement importante de l'Empire à conserver une
certaine indépendance en raison de sa situation géographique. Elle se trouvait en effet sur les territoires du clan
de la Ki-Rin mais hors de portée immédiate du Clan du Lion qui avait pris le contrôle d'une partie des terres
attribuées à Shinjo. Désormais, les clans du Lion, de la Licorne et peut-être même du Dragon semblent avoir des
intérêts dans cette cité qui s'est considérablement étendue depuis les deux derniers siècles. Les derniers
empereurs n'ont pas encore pris de décision à ce sujet car donner cette ville à l'un des clans qui la convoite risque
sans doute de susciter bien des jalousies.
Rokugan Sensei L5A Quand les ténèbres tombent, l'homme désespéré cherche des alliés dans l'ombre.
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El Toto
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Re: Rokugan, quelques éléments de background

Message par El Toto »

Us et Coutumes

Préambule

L'Empire d'Emeraude est une nation empreinte d'une multitude de traditions et la grande majorité de ses habitants en maîtrisent les bases essentielles. Ces traditions incluent non seulement les aspects religieux et spirituels mais aussi et surtout l'apparence que chacun montre aux autres. Les tabous et les attentes sociales des rokugani ne sont pas les mêmes que celle d'un occidental du 21ème siècle et si elles s'inspirent sensiblement de certains comportements typiquement japonais, une petite mise en garde s'avère nécessaire : Rokugan possède autant de points communs avec le Japon réel qu'un monde médiéval fantastique classique dans le jeu de rôle avec le Moyen-Âge occidental. Anachronismes, empreints à d'autres cultures et contresens abondent. Les gens qui connaissent bien la civilisation nippone trouveront L5A plutôt décevant sur ce plan tandis que les novices qui espèrent ainsi se familiariser avec la culture du Japon des samurai risquent de retenir de belles horreurs au milieu de choses plus proches de la réalité. On ne le dira jamais assez mais puisque ce point est éclairci, nous pouvons nous pencher sur les us et coutumes des rokugani.

L'Etiquette

Dans l'Empire d'Emeraude, l'apparence prime sur bien des choses. L'honneur individuel, le respect que les autres vous donnent qui en découle relèvent à la fois de votre position sociale mais aussi de la manière dont vous vous comportez. Si les représentants des castes inférieures ont un comportement sensiblement moins codifié et strict que celui des samurai, les normes sociales sont connues de tous et bien que de nombreuses variantes existent selon les clans, les personnes et les circonstances, elles obéissent à quelques principes généraux que vous trouverez plus loin.
Les rokugani sont des gens aussi expansifs que n'importe qui mais les heimin veillent à se comporter très poliment envers les samurai et ceux-ci cherchent constamment à prouver au regard des autres leur honneur. Pour ce faire, nombre d'entres eux adoptent un comportement qui aux yeux d'un étranger semblera allier une dignité parfois pesante et de rares éclats émotifs soigneusement contrôlés afin de passer pour de simples manifestations de sincérité un peu plus prononcées. Il y a des samurai trop fort en gueule ou vraiment asociaux mais fort heureusement, rares sont les occasions ou l'on confie à ces hommes des missions ou leurs travers pourraient s'avérer lourds de conséquences…

Sincérité et Vérité

A Rokugan, la vérité est importante mais elle passe au second plan derrière la sincérité. Ce ne sont pas tant les faits qui sont importants aux yeux des rokugani que l'honneur et le statut des personnes impliquées. Pour simplifier à l'extrême, si tuer un homme en combat loyal n'est pas forcément un acte banal ou dépourvu de connotations criminelles dans certains cas, le fait que le tueur soit un simple paysan ou un honorable samurai fait toute la différence parce que leurs motivations sont censées être justement différentes. L'exemple que nous venons d'évoquer ne doit pas être pris à la lettre mais simplement pour illustrer ce principe : celui qui agit et la manière dont il agit ont au moins autant d'importance voire même davantage que ses actes eux-mêmes.
La justice rokugani et la coutume se basent sur ce principe et favorisent donc les gens bien nés dont la réputation est sans tâche vis-à-vis de leurs égaux apparemment moins honorables ou vis-à-vis des gens d'extraction plus modestes et aux motivations censément moins élevées.
Cela ne veut pas dire que la preuve matérielle n'a pas d'importance mais que même lorsque les faits sont établis, on aura tendance à davantage considérer les motivations d'un samurai que celles d'un paysan. Les plaidoyers d'un accusé ne sont pas du tout écoutés de la même manière selon qu'il est heimin ou un samurai même si le crime est identique.
D'une certaine manière, la loyauté peut (et même doit) s'accommoder de nuances comme le mensonge. Il ne s'agit donc pas tant de dire toujours la vérité que de dire toujours quelque chose que les autres considèrent comme vraisemblable. Le principe idéologique qui sous-tend cela est très simple : si quelqu'un a un rang supérieur au mien, c'est qu'il le mérite. Sa parole est donc plus "vraie" que la mienne. Mentir ouvertement n'est pas aussi simple bien évidemment mais on contestera beaucoup moins les déclarations un peu cousues de fil blanc d'un noble daimyo influent que le témoignage apparemment authentique d'un simple samurai de garde
Le souci de maintenir en permanence une certaine image de soi va de pair avec celui de préserver l'image publique des autres (à moins d'avoir l'intention de leur nuire). Les rokugani sont de fervents adeptes du vieil adage "pas vu, pas pris" et la plupart du temps, ils ignorent ou font semblant de ne pas remarquer les manquements à l'étiquette mineurs ou les comportements déshonorants tant qu'ils peuvent être aisément "oubliés". Tout comportement qui semble volontairement provocateur ou qui témoigne visiblement du peu de maîtrise de soi que possède son auteur est par contre prétexte à d'immédiates réprimandes, publiques si nécessaires. Là encore, il y a des différences considérables selon les individus, leurs origines et les circonstances mais disons que d'une manière générale, les choses se passent ainsi : les conventions sociales sont censées s'appliquer à tous, on "ne voit pas" les manquements les moins gênants mais cette tolérance apparente se transforme brusquement en rigidité extrême dés que l'on dépasse certaines bornes ou que l'on souhaite enfoncer son interlocuteur en le déshonorant en public par exemple. Evidemment, faire comme si on ne voyait pas certaines choses ne veut pas dire qu'on ne les mentionnera pas une fois que vous aurez le dos tourné… de même, arguer de ce principe de discrétion pour ne pas dénoncer un crime n'est pas du tout considéré comme valable aux yeux des magistrats. Le respect de ce qui passe pour la vie privée d'autrui ne doit pas être un obstacle au déroulement d'une enquête.

Le système idéologique

Le sacré et le profane marchent main dans la main dans l'Empire d'Emeraude. Une nation fondée par des demi-dieux dont les descendants essayent de se montrer les dignes successeurs. Notamment la notion de destinée, de karma, est cruciale et imprègne l'ensemble de la société.
En résumant une fois de plus à l'extrême, on peut dire que les rokugani sont des gens relativement fatalistes : si les choses arrivent, c'est parce qu'elles devaient arriver. Ainsi, il est normal que les seigneurs soient forcément plus honorables que ceux qui les servent car ils sont à leur place. De même, il est normal que la vie d'un vassal n'ait aucune importance au regard de celle de son suzerain car chacun des deux a une importance différente sur le plan social mais aussi métaphysique.
Une telle approche pourrait générer toutes les dérives fascisantes imaginables et d'une certaine manière, l'Empire n'est pas exempt d'arbitraire et de tyrannie. Les rebellions existent mais sont sauvagement réprimées car dans l'absolu, rien n'est censé se dresser contre "l'ordre naturel des choses". Evidemment, un joueur ne se sentira pas forcément à l'aise dans un tel système ou même s'il fait partie des 7% de la population issus de la noblesse, il n'est après tout à l'origine qu'un samurai parmi des millions d'autres. Un des aspects intéressants de L5A est justement de donner aux joueurs l'opportunité de se prononcer sur divers choix épineux : faut-il faire ce qui est juste ou ce qui est convenable ? D'ailleurs comment reconnaître ce qui est juste ? Et quand il y a deux manières d'agir apparemment équivalentes, laquelle sera la plus honorable, ou la plus indigne ?
Outre ces problèmes éthiques, l'ordre social apparemment extrêmement rigide de Rokugan n'est pas dépourvu de certains "contrepouvoirs".
Le premier d'entres eux est la Confrérie de Shinsei, c'est-à-dire les moines. Bien qu'ils ne puissent exercer aucune responsabilité extérieure à leurs congrégations, ces individus sont les héritiers du système de pensée du Petit Maître, qui donne à chacun la possibilité de cheminer sur la route de l'Illumination. Et si le système social considère que les samurai de par leur naissance sont les plus avancés sur cette voie, le Shinseisme insiste pour rappeler que nul n'en est privé et qu'elle représente un moyen pour l'individu de prouver sa valeur y compris au regard des puissances célestes. Et ce quelles que soient ses origines…
Les moines sont donc non pas des rebelles en puissance mais des gens qui peuvent se permettre de par leur statut de conseillers spirituels de rappeler aux samurai et plus généralement aux rokugani que les autres individus qui les entourent ont a priori tout autant de potentiel qu'eux sur le plan spirituel. D'ailleurs, certains courants monastiques vont jusqu'à rejeter le matérialisme, le raffinement et même l'érudition sous toutes ses formes en partant du principe qu'ils éloignent l'individu de sa véritable nature. Un aphorisme de Shinsei cher à de tels moines et qu'ils citent fréquemment est "pour l'oiseau dans le ciel, il n'y a pas de différence entre un samurai et un paysan".
L'autre "système de sécurité" intégré est tacite et relève du grand "pacte" passé entre les mortels et les dieux à l'aube de l'Empire. La notion de suzeraineté à Rokugan s'accompagne de celle de responsabilité. Le seigneur est donc responsable du bien être de ses sujets de même que l'Empereur est le garant de la prospérité matérielle et spirituelle de l'Empire. Malheur au daimyo qui abuse de ses prérogatives et montre ainsi à ses pairs et supérieurs à quel point il déshonore son rang. Il ne s'agit donc pas tant de diriger que de guider. La notion est subtile et souvent utilisée de manière abusive mais elle est censée être immanente et omniprésente.
C'est pour cela que l'on respecte ses aînés et ses supérieurs. Leur rôle est aussi de guider la nouvelle génération ou ceux qui sont sous leur responsabilité. Et lorsque celui qui a le pouvoir perd la face, son châtiment est souvent bien plus prompt et radical que lorsqu'il n'est qu'un heimin parmi bien d'autres. Cela ne veut pas dire que tous les samurai sont forcément "coincés" ou psychorigides mais que plus on occupe une place élevée dans l'ordre social et plus chaque mot que l'on prononce doit être rattaché à un ensemble qui forme un comportement honorable que nul ne doit pouvoir attaquer avec succès. Que l'on soit l'homme le plus noble du monde depuis Shinsei ou la dernière des ordures, tomber de son piédestal fait aussi mal quand on atteint le sol…

Le Bushido

Bien que ce code d'honneur élaboré par le kami Akodo concerne à l'origine surtout les guerriers, il est presque sur le champ devenu le référent de l'ensemble de la caste des samurai. Que l'on serve avec une arme, des prières ou des faveurs politiques n'a pas d'importance dans le fond. L'essentiel est de servir. Le samurai sert son suzerain, le suzerain sert le clan, le clan sert l'Empereur et celui-ci est le garant mutuel de la bienveillance céleste envers les mortels et du respect de ceux-ci envers les puissances du Ciel. Les heimin et les hinin ne sont pas liés au Bushido mais il a tellement d'importance pour la caste dominante que certaines de ses notions se sont insidieusement infiltrées de manière plus ou moins ouverte dans le reste de la société.
On pourrait écrire des milliers de pages sur le Bushido (d'ailleurs, c'est bien ce que certains rokugani ont fait) sans parvenir à l'expliquer d'une manière absolue, exacte et complète. Il s'appuie cependant sur une base d'apparence simple puisque ce code ne repose que sur sept points, sept vertus. Le reste est du domaine de l'interprétation et des péripéties de l'histoire. Voici les sept vertus du Bushido.
- Honnêteté (Gi) : la vérité mesure la valeur de la vie et adhérer à ce concept définit l'existence du samurai. Néanmoins, la croyance et la coutume considèrent que les samurai ayant une âme plus pure que le reste des hommes, ils n'ont rien à craindre de la vérité et ne sauraient donc mentir. La parole d'un samurai est plus véridique que celle d'un heimin et celle de l'Empereur a plus de valeur que la parole de tous les samurai de l'Empire rassemblés.
- Courage (Yu) : le courage n'est pas l'absence de la peur mais la capacité à aller de l'avant malgré elle et malgré les conséquences. Comme le disait Akodo "combattez pour vivre car vivre permet de servir mais soyez prêt à mourir".
- Compassion (Jin) : la puissance va de pair avec un usage mesuré. Imposer sa violence par caprice ou abuser de ses privilèges envers ses inférieurs est indigne car cela salit l'âme du samurai. Dame Soleil est une puissance compatissante et ceux qui servent son héritier ne doivent pas l'oublier. Le samurai doit prêter assistance à ceux qui en ont besoin. S'il a une épée que d'autres hommes n'ont pas le droit d'avoir, c'est pour s'en servir à leur place et pas pour s'en servir contre eux.
- Courtoisie (Rei) : la force n'est rien sans le respect. Offenser l'autre est vulgaire et ce qui est vulgaire entache le nom que vous portez. L'adversaire doit être respecté, surtout s'il montre qu'il est honorable. Les samurai ne sont pas que des guerriers mais les serviteurs d'un empire hérité des dieux. Sans le respect, il n'y a pas de samurai, juste des hommes entraînés à tuer.
- Honneur (Meyo) : bien que le terme d'honorable s'applique à l'ensemble du bushido, l'honneur propre au samurai est individuel et intime. On ne peut définir cette vertu qui rassemble les six autres si ce n'est par rapport à soi-même : le samurai ne se ment pas. Il sait quels sont ses manquements et s'il veut se montrer digne, il se doit de les surpasser ou d'en accepter les conséquences. Celui qui ne veille pas sur son honneur trahit l'honneur des siens car il souille le nom qu'il porte et montre aux autres hommes que ceux qui portent ce nom sont indignes.
- Sincérité (Makoto) : bien qu'il y ait divers serments et rites accompagnés de promesses dans la vie d'un samurai (notamment quand il atteint l'âge adulte ou entre au service de son seigneur), on considère dans la vie courante que sa parole vaut acte. Un samurai n'a pas besoin de prêter serment lorsqu'il déclare qu'il va faire quelque chose. Le simple fait qu'il le dise l'engage et mettre en doute cet engagement revient à insulter le samurai. Par contre, prêter serment peut donner aux autres une impression encore plus forte de votre sincérité.
- Devoir (Chugo) : tout ce qui existe a un but et un sens. Le samurai doit servir et ne saurait se soustraire à ce qui définit jusqu'au nom de sa caste. Même l'Empereur doit s'incliner devant la volonté du Ciel et un samurai ne saurait faire moins que ceux qui sont plus grands que lui à cet égard. Le samurai sert son seigneur et aussi son clan. Sa loyauté doit être sans faille.
Théoriquement, les vertus du Bushido sont équivalentes mais dans les faits, cela est rarement le cas. Le clan du Scorpion par exemple parle beaucoup de son attachement au Devoir (à la loyauté). Les Crabes ne pratiquent pas beaucoup la Courtoisie, le Courage d'un courtisan qui défend l'honneur de son clan et celui d'un bushi qui défend ses terres ne sont pas identiques, un grand nombre de samurai ne fait preuve de Compassion qu'envers les membres de leur caste ou même uniquement envers des samurai en détresse de leur clan et ainsi de suite.
La difficulté de vivre le bushido est également au nombre des challenges qui attendent les personnages samurai à L5A.
Rokugan Sensei L5A Quand les ténèbres tombent, l'homme désespéré cherche des alliés dans l'ombre.
Roi-Sorcier d'Angmar Tiers Age
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